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LA DEMOCRATISATION

L’électro au cinéma n’est pas une première, malgré ce que l’on peut penser. Ce n’est pas l’apparition de Kavinsky dans la B.O du film Drive qui apporta de la visibilité au genre. Des compositeurs ont marqués l’histoire du 7ème art par leur talent, comme Wendy Carlos qui réalisa la B.O de Tron ou le thème principal du film Orange Mécanique.

On peut aussi mentionner “le-remis-au-goût-du-jour” Giorgio Moroderet sa B.O pour Midnight Express, qui aura un énorme succès et recevra de nombreux prix dont l’Oscar de la meilleure musique de film. Elle sera d’ailleurs, dans l’histoire du cinéma, la première bande-originale composée entièrement avec des synthétiseurs à recevoir ce prix.

Cinélec Sélection:John Carpenter, Cliff Martinez, Hans Zimmer, Stranger things, Diegetic Balance, Morderer, M83

Jouer avec le stress du public

Giorgio Moroder

1978: Alan Parker fait appel au producteur disco italien Giorgio Moroder pour composer la bande originale de Midnight Express. Les gammes synthétiques rythmées et cavalantes du pape de l’électronique collent parfaitement avec la fuite en avant du personnage joué par Brad Davis, qui tente d’échapper aux autorités turques qui veulent le mettre en prison pour trafic de stupéfiants.

D’abord peu enclin à engager Moroder dont il trouve le style un peu trop disco à son goût, Parker se ravise et à raison, puisque la bande originale récoltera l’Oscar de la meilleure musique de film. La carrière dans le septième art de Moroder est lancée ; suivront des BO tout aussi électroniques pour Paul Schrader (La Féline, 1982), Adrian Lyne (Flashdance, 1983) et même Brian de Palma (Scarface, 1983).

Oscar de la meilleure musique de film

morderer

Longtemps, la musique de Moroder pour Midnight Express fut considérée comme la première bande originale composée avec des synthétiseurs, ce qui est vrai uniquement si l’on prend en compte qu’elle l’ait été “entièrement”.

En effet, les prémisses de la musique électronique prennent leurs sources bien avant 1978. Le cinéma de genre - d’horreur et de science-fiction - a longtemps été le théâtre d’expérimentations électroniques et synthétiques

Un instrument comme le Theremin par exemple a souvent été utilisé pour signifier les séquences de rêves et de cauchemars ou la présence d’une entité non humaine dans les parages comme dans Le Jour où la Terre s’arrêta (1951) de Robert Wise, La Chose d’un autre monde (1951) de Howard Hawks ou encore dans la célèbre séquence onirique conçue par Dali dans La Maison du docteur Edwardes (1945) d’Hitchcock.

John Carpenter

La tradition électronique n’a fait que se perpétuer par la suite avec l’utilisation de synthétiseurs. On pense ainsi aux nappes de synthétiseurs éthérées et terrifiantes de Charles Bernstein dans Les Griffes de la nuit (1984) de Wes Craven - et là encore, ça se passe dans les rêves des personnages -, mais aussi et surtout au thème entêtant d’Halloween (1978) de John Carpenter, réalisé par… ses propres soins.

Une habitude que le cinéaste gardera tout au long de sa longue carrière dans le cinéma d’épouvante, d’Assaut (1976) à The Fog (1980) en passant par Christine (1983) et Invasion Los Angeles (1988). Dans chacune de ses œuvres, Carpenter s’amuse à jouer avec les nerfs de ses spectateurs, faisant ressentir grâce à des notes répétitives qui vont crescendo ou bien des nappes synthétiques omniprésentes que le danger n’est jamais loin.

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fog
invasion

Goblin

En Italie aussi, la mode est à jouer avec le stress du public et le groupe de rock progressif Goblin s’en donne à cœur joie dans Suspiria (1977) de Dario Argento à grand renfort de Mellotron et de synthétiseurs Moog, mais aussi et surtout dans Ténèbres (1982), autre giallo du réalisateur italien dont le thème principal sera samplé par Justice dans son album Cross sous les noms « Phantom Pt I » et « Phantom Pt II ».

Blade Runner, Robocop & Schwarzenegger

Le cinéma d’action américain n’est pas en reste dans les années 80. Le Grec Vangelis, pionnier de la musique électronique tout comme Jean-Michel Jarre ou Kraftwerk, se voit commander de plus en plus de « scores » depuis les succès qu’ont remportés ceux qu’il a réalisés pour Les Chariots de Feu (qui lui vaudra un Oscar en 1981) et Blade Runner de Ridley Scott en 1982, considéré comme un des chefs-d’œuvre de l’ambient, cette version électronique de la musique planante. Basile Poledouris, plus tempéré, fera se côtoyer dans Robocop (1987) de Paul Verhoeven des plages électroniques - pour représenter le robot interprété par Peter Weller - et des plages symphoniques - pour les humains. Mais c’est un autre acteur - presque un robot lui aussi - qui sera le bénéficiaire principal de cette révolution synthétique : Arnold Schwarzenegger qui jouera dans un nombre incommensurable de films à la bande originale électronique et délicieusement kitsch. Coup de cœur tout particulier à l’entrainante BO de The Running Man (1987) par Harold Faltermeyer.

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