Une boîte à rythmes, trois notes de piano et un synthétiseur en guise de basse cristallisent l’esthétique malsaine de John Carpenter, qui, à l’instar d’Hitchcock, suggère sans réellement montrer. Dès 1974, ce minimalisme est déjà au menu de la bande-son de son premier long métrage, Dark Star, qui est en réalité la version longue de son film de fin d’études qu’il avait présenté à l’USC, école de cinéma de Californie réputée. Bien loin de l’atmosphère anxiogène et singulière de son œuvre, Carpenter est à l'époque aux balbutiements et apprend les ficelles du métier en bricolant artisanalement la bande originale par manque de moyen ; seulement 60 000 dollars de budget sont alloués au film. Mais le réalisateur refuse de se voir comme un compositeur à part entière.
Dans un entretien accordé au Hollywood Reporter en octobre 2015, il se montre modeste à propos de la bande originale d’Halloween (1978), le film d’horreur qui lui a permis d’être reconnu à l’internationale : « Je suis un musicien modeste. Mon père m’a enseigné le rythme 5/4 au bongo et j’en ai reçu un à Noël. Je devais avoir 13 ou 14 ans. Et il m’a enseigné ce rythme : BA ba pa BA ba pa BA pa BA ba pa. Donc, j’ai utilisé ce rythme, et j’ai ajouté des octaves au piano, et je suis arrivé avec ça (…). Je suis juste un mec qui a un job à accomplir. Dans le cas d’Halloween, je devais mettre du son sur un film. Et j’avais trois jours pour le faire (...). J’ai dû tout prendre en charge, car on ne pouvait pas se permettre d’embaucher un compositeur et un orchestre. C’était une façon de bien sonner malgré des ressources limitées. » .
Des méthodes quelque peu artisanales qui font mouche. John Carpenter s’impose à Hollywood dans le cinéma d’épouvante et récolte 47 milliards de dollars au box-office, faisant d’Halloween l’un des films les plus rentables de l’histoire. Avec ce chef-d’œuvre salué par la critique, John Carpenter a énormément contribué à l’évolution du « slasher », sous genre du film d’horreur à qui il a donné ses titres de noblesse. Outre le masque effrayant inspiré par le Captain Kirk, héros de la série Star Trek, que porte Michael Myers, personnage central d’Halloween, c’est le thème de la bande-son que d’autres vont retenir plusieurs décennies plus tard.